Le pèlerinage à Emmaüs.
 
(…) Ce qui m’étonne, c’est la terrible simplicité, la trivialité presque de l’objet du regard. Des vases, des pots, des pieds tournés et d’autres variations formelles aux courbes souples, volubiles parfois dont les moulages gris clair, moyen ou soutenu étalent comme un inventaire élégant, silencieux. Une sorte de cabinet de curiosité tentant comme il en est le principe une forme de monde en miniature, un vertige familier. Les choses s’équilibrent, les socles entrent dans le jeu, devenant la manifestation du repos, de postures, scénarisant les objets tout en participant de leurs volumes. Tout n’est plus qu’ensemble, variations, tournures, ruptures de plans et souplesses serpentines, ondulations, figures de mouvements. Vestiges et signes épars, lavés, fantômes, édifices mimant les délires du désir, répertoire ou liste, atlas de formes, paysage et modulations, beauté nue des formes. ◆ C’est un des principes fédérateurs du travail de Josué Rauscher, la mise en relations d’éléments jouant de connivences de formes, renvoyant l’un à l’autre par un jeu d’échos. Et ce qui pourrait passer de prime abord pour un entrepôt chaotique, un désordre, révèle une disposition, un arrangement précis, souvent teinté d’humour, un travail. Une communication silencieuse, un phrasé mat aiguillant la pensée. Une image s’impose, englobant tous les objets, les archives et les catalogues ; celle de correspondances. Installations et sculptures sont des pensées en forme, des tentatives d’accorder ce qui est épars, dispersé à la faveur d’une image poétique. Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection, etc.

Jérémy Liron, février 2014
http://www.lironjeremy.com/lespasperdus/josue-rauscher-le-pelerinage-a-emaus/